5 portraits de femmes entrepreneures de l’ouest
« Entreprendre au féminin, 5 anecdotes et confidences de femmes qui font bouger les lignes ».
Ceci est le titre d’une conférence au dernier salon des entrepreneurs qui s’est déroulé à Nantes le 29 novembre dernier. Il a beaucoup été question de légitimité et de quête de sens au travail, des sujets plus essentiels qu’anecdotiques pour toutes ces femmes entrepreneures.
Et bien que certaines, aient relevé qu’elles étaient trop souvent invitées à prendre la parole uniquement en tant que femme entrepreneure, il s’avère que le parcours de chacune reste, à mon avis, très utile pour les femmes. Non pas que leur appartenance à la gente féminine, fasse d’elles une sous-catégorie d’entrepreneurs, mais plutôt de précieux précurseurs, devant être mises en lumière, pour montrer le chemin à d’autres, peut-être hésitantes.
Je vous résumerai donc ici les leçons à retenir, selon moi, de ces 5 portraits de femmes.
Sandrine Charpentier, fondatrice de Digitaly et Directrice de 1kubator Nantes.
« Osez rêver ! » « Indéterminée ! » « Mesdames, vous voulez changer le monde, lancez vous ! »
« Indéterminée! » : c’est le terme que Sandrine Charpentier a choisi en introduction de son intervention. Cela signifie pour elle, ne pas être limitée par un déterminisme, ou le refus d’un ascenseur social qui serait bloqué. Ainsi, des femmes comme F. Sagan, M. Condé ou encore S. Veille lui ont donné l’esprit d’entreprendre sa vie. Une philosophie, qui l’a amené à créer son entreprise à 28 ans. Une première étape qui aura duré dix ans. L’occasion pour Sandrine de faire, bien sûr, pleins d’erreurs (comme entreprendre seule, ou trop vite,…). Mais, une période sa vie vie qui lui aura aussi appris beaucoup.
Par ailleurs, dans son témoignage, Sandrine Charpentier nous livre qu’un fort sentiment d’illégitimité l’aurait longtemps accompagnée. Elle nous révèle, de plus, que cette question est prégnante chez de nombreuses femmes. Chiffres à l’appui (seules 8% à 10% de femmes créent leur start-up), elle nous encourage donc à croire plus en nous pour avancer. « Mesdames, vous voulez changer le monde, lancez vous ! »
Quelles sont les leçons, tirées de son expérience, que Sandrine souhaite aujourd’hui partager ?
– Il vaut mieux fait que parfait
– Trouver son model demande de prendre du temps (Par exemple : BlaBlaCar a mis 7 ans à trouver son marché)
– Essayer, tester, apprendre
– On réussit mieux à plusieurs et avec des gens ayant des valeurs et une vision communes.
Bénédicte Brossollet, co-gérante de Pâte-à-têtard
« Ne pas être seul pour entreprendre, c’est une véritable stimulation. »
A 47 ans, Bénédicte Brossollet a toujours été salariée et toujours été cadre autonome. Elle a longtemps réfléchi à monter son entreprise, mais elle attendait une idée géniale. Maman seule, avec 2 enfants, ses responsabilités familiales étaient, selon elle, un frein. Puis en avril 2017, Bénédicte perd son travail. Tandis que de son coté, Lionel Saur trouve, lui, « l’Idée géniale » : un jeu de société pour faire son sel à la maison.
C’est ainsi, que Delphine, directrice artistique, monte un site web, qui réunit près 12000 vus et permet de vendre 500 boîtes, en un temps record, de Ma p’tite Saline, le mini-marais salant. Rapidement, une petite équipe se monte autour de ce projet et donne naissance en juillet 2017 à une Sarl, Pâte-à-têtard. L’entreprise réunit le créateur, Lionel, 2 designers, Eric et Romain, la directrice artistique, Delphine, et enfin Bénédicte. Cette dernière, doit assurer la communication et le développement commercial de cette toute nouvelle affaire.
Aujourd’hui, la start-up rencontre de francs succès auprès des écoles, d’adultes à la recherche de jeux éducatifs, de centres d’accueil et d’accompagnement d’enfants. La fine équipe est même récompensée le 7 novembre 2017 à l’occasion de l’Audacity Award de Saint-Nazaire. Elle participe également durant une semaine au Salon nautique.
Quant à Bénédicte, ses enfants étaient présents dans la salle pour témoigner de la fierté de voir leur mère aussi ravie dans son nouveau costume d’entrepreneure.
Sandrine Bender, co-fondatrice de Meyko
« C’est vraiment génial de savoir pourquoi on se lève le matin!«
Designer spécialisée en Santé, Sandrine Bender a 26 ans. Elle crée Meyko, avec son associée, Alizée Gottardo, alors qu’elles sont encore toutes les 2 en formation alliant ingénierie et design, à Nantes. Elles cherchaient à concevoir un dispositif pour aider les enfants atteints de maladies chroniques dans leur prise de médicaments. Elles imaginent donc, le jouet connecté, Meyko, qui permet aux enfants de prendre leurs médicaments contre l’Asthme, et cela de manière ludique.
Jeunes, étudiantes et toutes deux femmes, Alizée et Sandrine rencontrent au départ des problèmes de crédibilité. En effet, investisseurs et partenaires potentiels sont surpris de voir qu’elles conduisent de A à Z leurs projets à la fois scientifiques et techniques. Grâce à leur parfaite maîtrise de l’impression 3D, du codage et de l’électronique, elles réalisent leurs prototypes et lèvent ainsi tous les freins. Enfin, elles songent très tôt à se faire accompagner pour réellement lancer leur entreprise. Et Meyko gagne de nombreuses récompenses comme récemment le Prix de coup de pouce de la Fondation Le Roch Les Mousquetaires.
Sandrine nous raconte aujourd’hui ce qu’elle retiendra en tous les cas de son démarrage dans l’entrepreneuriat :
– Être curieux.
– La prise de risque est le pari des gens qui nous accompagnent, comme de celui qui entreprend.
– Il faut aller jusqu’au bout de ses convictions.
– C’est vraiment génial de savoir pourquoi on se lève le matin.
Laure Brunschvicg, fondatrice de Bibliocare
« Pour être heureux, il est important d’apprendre à se connaître soi-même.«
Laure Brunschvicg, est une femme de défis, d’une cinquantaine d’années. Elle semble s’être forgée un esprit de battante. Adolescente engagée, à 20 ans, elle sait se relevé à la suite d’un grave accident de voiture. Après une carrière de professeur, de journaliste, puis de commerciale, elle lance, à 38 ans, la première entreprise de services à la personne de Saint-Nazaire. Comme tous les pionniers, Laure doit à l’époque, affronter de nombreux freins et préjugés. Au départ, on voit sa franchise Adhap, comme une « affreuse entreprise capitaliste, cherchant à faire de l’argent sur le dos des personnes fragilisées ».
En 12 ans, Laure se montre une brillante entrepreneure et embauche 80 puis 250 salariés. Dans le même temps, elle agrandit sa famille, mais elle connait aussi l’épuisement professionnel. Néanmoins, rien n’arrête cette femme de cœur et d’actions, habituée à défendre les causes les plus justes. Aujourd’hui, elle est à l’initiative du projet 4.0, Bibliocare, une solution de coordination pour les personnes fragilisées. Son dernier challenge, masilvercommunaute.com : une plateforme numérique permettant le maintien à domicile pour vieillir en douceur, dont elle est l’une des fondatrices.
Pour être heureux, selon Laure Brunschvicg, il y a 3 leçons à tirer du parcours de cette femme entrepreneure, mère de 5 enfants :
– le développement personnel est un bon moyen d’apprendre à se connaître (à tester pour avoir un regard neuf sur sa personnalité « l’Ennéagramme »)
– le facteur primordial de performance économique et de performance des salariés est la formation continue
– se regrouper en réseaux permet de partager les difficultés; on peut donc, par exemple, s’appuyer sur des réseaux de femmes, sur le Réseau entreprendre ou encore, sur le Centre des Jeunes Dirigeants.
Julie Spolmayeur, co-fondatrice de La Box à planter
« Entrepreneure tout simplement, et pas seulement femme entrepreneure ou jeune entrepreneure«
Lorsque Julie Spolmayeur se lance dans la vente de graines bio, de guides et livrets de jardinage, elle est très vite rejointe par un co-fondateur Quentin Frery. Initialement très peu attirée par le travail en équipe, Julie est aujourd’hui, entourée de 8 salariés. Elle est fière de cette réussite qu’elle met sur le compte des valeurs fortes de l’entreprise, portées par tous :
– la transparence,
– la bienveillance avec une attention particulière à l’absence de jugements,
– la curiosité, encouragée par la formation continue et l’apprentissage,
– et enfin, le plaisir en facteur majeur de la prise de décision.
La Box à planter est une de ces entreprises, qui depuis son origine repose sur une grande vigilance portée au bien-être au travail. On y travaille au rythme d’une start-up en pleine croissance, bien sûr mais Julie tâche de préserver un cadre favorable à l’écoute de chacun. Ainsi, les taches les plus importantes sont réparties de manière collégiale chaque début de semaine. Enfin, à travers des « points Mood » instaurés régulièrement chacun doit pouvoir évoquer l’humeur du jour et les problèmes éventuels, ceci afin d’évacuer toute tension. Julie est selon moi, une dirigeante singulière, accordant à l’épanouissement sur le lieu de travail, le statut de véritable levier d’efficacité pour son activité. La croissance de la start-up fait déjà la preuve d’une certaine pertinence de sa vision. Son grand regret à ce jour, est d’être souvent réduite à sa condition de jeune entrepreneure ou de femme entrepreneure. Elle espère que très vite, le monde du sport, comme de l’entrepreneuriat ne seront plus genrés. Et que sa place d’entrepreneure sera au contraire vu comme une évidence. Pour conclure son intervention Julie Spolmayeur nous suggère différentes lectures d’ouvrages :
– L’art d’aller à l’essentiel
– Game Storming
– Le guide de survie en reunion
– Votre cerveau au Bureau, David Rock